C’est quoi le courtage des savoirs?

En passant

Po ti le,

Voici encore un nouveau profil de métier qui semble se dessiner à l’horizon dans un contexte où les savoirs, la connaissance redeviennent des enjeux importants dans l’accroissement des compétences des uns et des autres, et donc des organisations. Celles-ci sont appelées à devenir des organisations apprenantes c’est à dire qui ont placé au cœur des stratégies managériales des processus de gestion des connaissances, notamment à travers les systèmes à base de connaissances (SBC). On est véritablement rentré là dans l’ingénierie des connaissances. Mais c’est quoi au fait un courtier du savoir ?

On ne parle plus de société de la communication, ni même de l’information, mais de savoirs, des connaissances. Car beaucoup de décisions individuelles et collectives sont prises sur la base des savoirs. La communication entre science et société sont ainsi devenues de plus en plus importantes. A l’interface entre société, science et politique, on voit apparaître de nouvelles pratiques, de nouveaux métiers, de nouveaux rôles. Depuis déjà deux décennies, on assiste à une forte augmentation des « courtiers des savoirs » et de vulgarisateurs de la science. Leur  rôle étant de favoriser l’échange, la traduction et l’utilisation des savoirs scientifiques. Cependant la manière dont ces connaissances scientifiques sont transmises à travers les mondes n’a pas été examinée en profondeur.

De manière générale, les courtiers du savoir peuvent être définis comme des personnes ou des organisations qui facilitent la création, le partage et l’utilisation des savoirs (SVERISSON, 2001). Leur tâche est d’établir et de maintenir des liens entre chercheurs et leurs publics, en traduisant de manière appropriée les résultats de recherche. Ils sont capables de faire le lien entre « know how », « know- why », « know-who », et travaillent dans le privé comme dans le public.

C’est une pratique en vogue dans beaucoup de domaines : ingénierie, sciences, informatique, … Mais malheureusement, ils ne forment pas encore une profession à part entière.

Où et comment ?

Le courtage du savoir se réalise dans des lieux bien particuliers, dans des espaces privilégiés à travers les frontières. On voit notamment des petits cabinets de consulting, des boutiques shops, etc. qui font de la recherche pour des citoyens ou des communautés précises, pour répondre à un besoin d’expertise. Même dans certaines universités, on observe des groupes de professionnels ayant un espace dédié au courtage en marge de l’université. Prenons le cas des journalistes scientifiques, dont l’importance et l’influence sont fortes en raison de l’abondance des connaissances scientifiques de sorte que les experts ne sont plus seulement experts dans leurs domaines respectifs. Ce qui est intéressant de voir comment ces espaces se sont développés. Ceci a été possible à cause de l’intersection de mondes devenus de plus en plus liés, et aussi parce que les flux de savoirs entre eux se sont professionnalisés.

Vers une théorie du courtage

Comment théoriser cette pratique ? Etienne Wenger propose une définition assez utile qui peut servir de point de départ : « le courtage […] implique des processus de traduction, de coordination et d’alignement entre des perspectives […] Il exige également la capacité de relier les pratiques en facilitant les transactions entre elles. ».

Les courtiers agissent de trois manières :en tant que gestionnaires des savoirs, en tant qu’agents de liaison (entre producteurs et utilisateurs de savoirs) ou en tant que constructeurs de capacité (par l’amélioration de l’accès aux savoirs). Ils seront donc impliqués dans un large éventail d’activités : articulation d’idées, communication, éducation, médiation, etc. Toutes ces activités utilisent des outils tels que l’organisation des séminaires ou de réunions, le développement de bases de données, la production de brochures, etc.  Surtout, les courtiers veillent à utiliser un langage commun en agissant comme créateur linguistique c’est-à-dire en construisant un langage où les différentes parties se comprendront mutuellement.